Fin août 2016 l’équipe de Kedis­tan était présente au fes­ti­val du film de Douarnenez, dont la 39ème édi­tion était con­sacrée aux peu­ples de Turquie.

Dans l’am­biance chaleureuse habituelle du fes­ti­val, les pro­jec­tions, les débats, les ren­con­tres bat­taient leur plein et les soirées débor­daient de musique et de danse. Un soir, comme je regar­dais la joyeuse foule qui dan­sait sous le chapiteau, qu’il y avait des gens de tous les hori­zons réu­nis là, main dans la main, des pas guidés par la musique kurde, j’ai aus­si enten­du la musique bre­tonne réson­ner sous le chapiteau. La tran­si­tion d’une musique à l’autre s’é­tait faite qua­si instan­ta­né­ment. Le groupe qui s’é­clatait en dansant le halay, avait embrayé le pas sans hési­ta­tion et avec ent­hou­si­asme, sur une gavotte… Je me suis dit “Les dif­férentes cul­tures qui exis­tent à des mil­liers de kilo­mètres, sont si proches ! l’Art, la musique peu­vent être si uni­fi­ca­teurs !…”. J’avais là, devant les yeux la preuve man­i­feste des ponts qui se créent.

Je voudrais vous par­ler d’un groupe, au nom bre­ton “Kazut de Tyr” et vous allez voir, les mêmes sen­sa­tions qui m’ont fait fris­son­ner cette belle soirée de Douarnenez, vous tra­verseront, vous aussi.

kazut de tyr

Pho­to ©Eric Legret

Ils nous ont pré­paré un nou­v­el album présen­té ainsi :

Un nou­v­el opus, reflet d’un long périple, qui leur a sug­géré une muta­tion musi­cale et humaine, un chemin d’au­dace et d’e­spoir avec comme trait d’u­nion la “danse”

 

Kazut de Tyr

Jor­ju­na
Graphismes ©François Barret

Un nou­v­el album : “Jor­ju­na”

Jor­ju­na me fait penser au mot Cur­cu­na en turc et il est décrit sur le dic­tio­n­naire comme “sons dis­cor­dants, bruits, bou­can, tin­ta­marre…” Ne vous fiez pas à cela. C’est un mot mag­ique, util­isé surtout pour son deux­ième sens “fête”, qui entraine dans son sil­lon, tout un petit train de noce joyeuse­ment bruyant, exci­ta­tion, réjouis­sance, jubi­la­tion. C’est en fait, la fies­ta, la java, la nou­ba, le ramdam !

Gaby Ker­don­cuff (trompette, bom­barde et chant), Jean Le Floc’h (accordéons, bom­barde) et Yves Marie “Volant” Berthou (per­cus­sions) voy­a­gent depuis des années, en musique, de l’Eu­rope cen­trale au Moyen-Orient.

La musique Kurde est mise en valeur grâce aux nom­breux invités venus de là bas, tels que Azad XEILANI (chim­chal, Bara­bans, zur­nas ), et Sher­wan SAEDI (Saz)…

 

Une invitation

La sor­tie de Jor­ju­na est annon­cée pour le 3 mars. Nous écou­tons quelques titres en primeur…

Je vous décris la rédac­tion du Kedis­tan : Tous mes cama­rades tra­vail­lent, cha­cunE dans un son coin. Je clique au hasard sur “Mihabadim”. Je vois les oreilles se dress­er, y com­pris celles des chats. Et qua­si instan­ta­né­ment tout le monde ren­tre dans la danse… Je me marre en obser­vant, les plus speeds taper le rythme sur la table, ou du pied pour les plus calmes…

Nous nous lais­sons nous porter, cha­cunE avec sa pro­pre lec­ture mélo­mane, selon ses affinités géo­graphiques, cul­turelles et lin­guis­tiques, de Bre­tagne au Moyen-Ori­ent, ou en sens inverse, au choix. Et cela arrive telle­ment naturelle­ment que “tu ne sais plus où tu habites”. Non je ne par­le pas de se sen­tir per­du, mais d’être au con­traire, partout à la fois, et de se sen­tir chez-soi.

Nous sommes dans des con­trées musi­cales, loin de fan­tasmes de métis­sages vidés de sens, de con­som­ma­tion de cul­ture exo­tique, et d’ex­er­ci­ce de style local. C’est une quête dif­fi­cile, mais avec sincérité, habileté et Art, Kazut de Tyr nous offre le graal.

Gaby Kerdoncuff est un musicien créateur aux multiples facettes mêlant enracinement breton et voyages. Il a développé de nombreux projets au moyen Orient. Autrefois trompettiste des « Pires » compositeur, arrangeur, réalisateur de clips et documentaires musicaux, sa palette multiple est au service d’un parcours artistique singulier. Après avoir cheminé en Roumanie, notamment auprès d’Erik Marchand et le Taraf de Caransebes, Gaby a poursuivi son itinéraire entre Bretagne (Jabadao/ La coopérative) et les Balkans, Macédoine (Gipsy Burek Orkestar), au Moyen Orient (Khoury brothers Al Wasan/Kazut de Tyr), au Kurdistan avec Wirya Ahmed avec qui il crée Dengekan.

Accompagnateur ou initiateur de formations musicales (Termajik, participation à Kreiz Breizh Akademi, projet Al Wasan et Dengekan, et plus récemment le Bal Floc’h), Jean Le Floc’h s’attache depuis plusieurs années à refondre l’accordéon et son jeu pour mieux s’adapter au tempérament du chant breton ancien. Tombé sous le charme des gammes non tempérées, il a mis au point un prototype d’accordéon préparé avec l’aide du facteur
d’accordéon Léon Gaboriau.

Harpiste, Maëlle Vallet est originaire du Trégor. Très vite, le vif intérêt qu’elle porte à la modalité bretonne l’amène à rechercher un nouveau système sur son instrument. Ce chemin l’amène à découvrir le qânûn, cithare moyenorientale offrant une palette de couleurs et d’intervalles conséquente. Elle se forme auprès de maîtres tels que Mohammad Salah el Din pour la technique égyptienne et Goksel Baktagir dans l’appréhension du style turc. C’est avec le qânûn qu’elle revient à la modalité bretonne en effectuant un travail de recherche sur les échelles utilisées par les chanteurs de Basse-Bretagne, ce qui l’amène aujourd’hui à interpréter le répertoire de sa région sur le qânûn. Elle continue à réfléchir à la conception d’une harpe hybride qui emprunterait à son cousin le qânûn son système de leviers et qui lui permettrait ainsi d’explorer les modalités moyen-orientales et bretonne à la harpe.

Après un cursus classique en batterie et percussions digitales, Yves-Marie Berthou développe une curiosité pour les musiques traditionnelles. Il s’initie aux percussions brésiliennes et indiennes puis joue dans plusieurs formations musicales et pour le théâtre : Yog Sothoth, Mazad Kafé, Fred Combo. Depuis 2004, Yves-Marie oriente son travail vers les musiques balkaniques et turques (Gipsy Burek Orkestar, Burek, Slonovski Bal, Dengekan, Ndiaz) qu’il intègre dans le langage propre au trio. Il travaille régulièrement auprès de maîtres macédoniens, bulgares, turcs.

Lionel Mauguen est un guitariste, membre de Yog Sothoth, le brestois a accompagné Naab, joué régulièrement avec Denez Prigent, participé à Burek et au Gipsy Burek Orkestar et multiplie les collaborations avec le milieu jazz et rock brestois.

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Kamar Khani
est un jeune chanteur kurde du Rojava (Nord de la Syrie). Originaire de la ville de Al Malekye (Derika en kurde), il chante depuis son plus jeune âge les chansons des kurdes de Syrie. Comme tous les jeunes de sa génération il a été baigné dans des influences multiples arabes, turques, kurdes et occidentales. Il a digéré de façon spectaculaire les influences diverses du Moyen-Orient et chante régulièrement dans les styles et langues, turques, arabes et les dialectes kurdes Sorani et Kurdmanji. Il vit aujourd’hui en France ou il poursuit des études universitaires et débute une carrière de chanteur professionnel.

Eric Menneteau est un chanteur autodidacte. Il se passionne très jeune pour le chant traditionnel du centre de la Bretagne, et affirme sa pratique grâce à ses maitres que sont Maurice Poulmarc’h, Erik Marchand et Yann-Fañch Kemener. Il fait partie de la première promotion de la Kreiz Breizh Akademi, où il étudie la musique modale. En parallèle, il se passionne pour la musique urbaine d’Addis Abeba des années 70, et tournera avec le Badume’s Band jusqu’en 2010. Il chante actuellement en concert et fest noz (Menneteau-Lange, Alambig Elektrik, Duo Menneteau-Barbedette, etc) et a également pris part à l’aventure kurdo-bretonne Dengekan.

Notez déjà dans vos agen­das, le jeu­di 16 mars, où Kazut de Tyr pren­dra scène à 20h30 au Stu­dio de L’Ermitage à Paris en co-plateau avec Seren­dou à l’occasion des 10 ans du label Hirus­ti­ca. Vous pou­vez jeter un coup d’œil sur l’éven­e­ment face­book ou réserv­er vos bil­lets ICI

A savourer avec délectation…

Patience, le 3 mars n’est pas loin…
En atten­dant, on vous laisse faire con­nais­sance, et pour celles et ceux dont le chemin a déjà croisé celui de Kazut de Tyr, voilà une petite escale avant un nou­veau voyage…

Et si vous voulez en savoir plus, écoutez les donc “con­ter” eux-mêmes, leur chemin musical…

 


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Naz Oke
REDACTION | Journaliste 
Chat de gout­tière sans fron­tières. Jour­nal­isme à l’U­ni­ver­sité de Mar­mara. Archi­tec­ture à l’U­ni­ver­sité de Mimar Sinan, Istanbul.